Châlucet est un site médiéval spectaculaire, bâti sur un promontoire rocheux à la confluence de deux rivières (la Briance et la Ligoure). Les vestiges des deux ensembles castraux qui le composent (le haut et le bas castrum) s’étirent, noyés dans la végétation, le long d’une étroite échine rocheuse.

LE BAS CHÂLUCET

La tour Jeannette, haute d’au moins 23 mètres, domine le bas castrum. Construite à la fin du 12e siècle, début du 13e, elle vise à affirmer le pouvoir seigneurial. Pour y pénétrer, une seule porte, à 5 mètres de hauteur ; à l’intérieur, aucun confort : ni latrine, ni cheminée et une échelle abrupte qui dessert les étages. Le cul-de-basse-fosse, aveugle, servait de stockage.

Une véritable ville entoure la tour. Celle-ci a été mise à jour grâce à une campagne de fouilles. Elle était composée de plusieurs maisons des 13e et 14e siècles, dont la forme s’avère très variable : longs bâtiments à étage ou, au contraire, maisons « tours » élevées d’environ une dizaine de mètres. Une organisation interne hiérarchisée montre que les rez-de-chaussée avaient vocation domestique et utilitaire alors que les étages étaient dédiés à la résidence. C’est d’ailleurs à ce niveau que l’on trouve les éléments de décor raffinés (baies géminées à colonnette, parfois en serpentine) et des aménagements de confort (cheminées, évier…).

On observe également, qu’au cours du 14e siècle, la densité des constructions va augmenter, produisant un effet d’« entassement » des édifices les uns près des autres, occupant parfois d’anciennes cours ainsi que l’apparition de caves, nouveau moyen d’augmenter l’espace domestique disponible. Elles servaient au stockage, peut-être de vin (des pépins de raisins ont été retrouvés lors des fouilles) ou à la conservation d’aliments.

C’est au même moment que le bas castrum va s’entourer d’une enceinte l’enfermant dans une défense continue. Il est vrai que cette période correspond aussi à un moment d’insécurité important : celui de la guerre de Cent Ans.

LE HAUT CHÂLUCET

Avant Géraud de Maulmont, au sud, le haut-château ne comprend qu'un donjon bâti vers 1200 et quelques bâtiments annexes.

Après Gérauld de Maulmont, en 1289 le haut-château est devenu une résidence luxueuse et fortement défendue. Les dispositions anciennes ne sont guère perceptibles sinon grâce au donjon à étrave au centre du château, auquel était associé à l’origine un logis aujourd’hui totalement ruiné et fossilisé sous les décombres et, à l’extérieur, les traces de plusieurs édifices, parfois équipés de contreforts qui correspondent probablement à des hôtels nobles.

Derrière sa barbacane, la façade d'apparat aux hauts créneaux décoratifs et les modernes mâchicoulis du château impressionnent. Le donjon à éperon, reste du premier château (avec l'ancien logis seigneurial), les tours d'angle et surtout la puissante courtine sud, avec sa galerie à archères, son imposante épaisseur et son double fossé, font du château une forteresse imprenable. Pour plus de sûreté, une basse enceinte extérieure a aussi été édifiée. Elle domine un paysage alors largement déboisé et exploité par les habitants de Châlucet.
Ainsi, fin 16e siècle, pour parer à de nouvelles prises de contrôle du site par des troupes armées, le gouverneur royal et la ville de Limoges s’engageront dans le démantèlement de la forteresse : les tours flanquant les angles du château seront abattues ainsi que les courtines et les voûtes des logis donnant finalement au site l’aspect dans lequel nous le connaissons aujourd’hui.
Les ruines ne seront toutefois classées qu’en 1875.

EN SAVOIR PLUS AVEC CHRISTIAN RÉMY, HISTORIEN